Bienvenue dans les coulisses de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc ! Exclusivement pour vous, les mushers sont revenus sur leur aventure dans les territoires enneigés de Savoie Mont Blanc. Ce mois-ci, c’est Grégory Coffre qui a répondu à nos questions et qui partage avec vous quelques souvenirs de cette 17e édition.

Grand habitué de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, il s’agissait cette année de sa 6e participation. Il a terminé 1e nordique en catégorie limited et 4e au classement général.

Avez-vous une anecdote sur un de vos chiens ou un évènement marquant de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc 2021 ?

« Un de mes chiens a mangé une bottine pendant La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc et on l’a retrouvée 15 jours après dans le chenil. Le chien continuait à s’alimenter et courir et les vétérinaires n’ont rien trouvé. Il l’a recraché 15 jours après, c’était assez inédit. Puis une bonne nouvelle, c’est le premier bivouac où les chiens se sont alimentés. Beaucoup de choses ont été changées cette année. Ces étapes-là sont compliquées car ils dorment dehors et ont du mal à s’alimenter. Ils perdent de l’énergie pendant la nuit et c’est difficile de repartir le lendemain. »

Comment vous entraînez-vous en ce moment ?

« Depuis le retour de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, on fait beaucoup de travail libre avec les chiens. C’est un travail en liberté, à pied ou à vélo. Les chiens sont attachés au départ (5min) puis en liberté progressivement (50 min). Cela permet aux chiens de pouvoir courir toute l’année. Ce sont des Siberians huskies qui ne peuvent pas courir au-dessus de 15°C donc à une certaine période les entraînements ne sont plus possibles. Alors qu’en libre, ils courent à mon allure (12-13km/h). Cela permet de m’entraîner physiquement tout en conservant leur masse musculaire pour qu’en septembre les chiens soient toujours en forme afin de recommencer progressivement les entraînements avec les chiens attelés. Sans travail en libre c’est beaucoup de perte de performance si on n’entraîne pas toute l’année. »

Avez-vous un objectif pour l’année prochaine ?

« Essayer de finir 3e au classement général La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc Limited. C’est une course internationale, j’ai choisi de courir avec des nordiques et j’aimerais pouvoir me classer au milieu des hounds. »

Faites-vous des courses à l’internationale ?

« Mon objectif réel, mes chiens commencent à vieillir et j’aimerai avec eux essayer la longue distance. Ce seront mes derniers chiens purs races et après 8 à 9 ans ils ne pourront plus performer. J’ai acheté un gros camion cette année que je prépare exclusivement pour les courses de chien de traîneau et pour aller faire de plus grandes courses. Cette année on était proche de Marion Joly (3e cette année), on espère pouvoir atteindre l’objectif. Mais avec les nouveaux entraînements normalement je devrais gagner en termes d’entraînements et arriver avec des chiens plus préparés. »

À quoi ressemble une journée type pour vous et vos chiens en cette période ?

« Levé à 3h/4h, je prends mon vélo ou je pars à pied avec mes chiens. Je fais un tour d’1h ou 1h30 avec eux autour de chez moi. Je pars ensuite travailler avec mes salariés. Je rentre le midi, je relâche les chiens et je leur donne à manger puis je repars sur mes chantiers. En rentrant je repasse du temps avec mes chiens, soit pour les sortir soit pour passer du temps libre avec eux. Pour gagner La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, il faudrait que cela devienne mon unique activité pour pouvoir rivaliser avec des professionnels comme Rémy Coste et Aurélie Delattre qui font ça toute l’année et à plein temps. À l’heure actuelle je n’ai pas les chiens pour gagner La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc mais je n’ai pas le courage de m’en séparer et de les remplacer par des hounds. Je veux les amener au bout. Quand ils seront à la retraite, je reviendrais avec un autre type de chiens proche de ceux de Rémy.

Cette année, on a mis en place la même éducation que Rémy Coste. En allant chez eux, on a beaucoup appris sur leur éducation et cela nous a permis de faire beaucoup évoluer nos chiens cette année.

Le chien de traîneau coûte beaucoup d’argent mais n’en rapporte pas. Ce sont beaucoup de compromis par exemple pour le camion on aurait dû acheter un monospace mais on voulait avoir du confort pour les enfants, un coin au chaud pour les chiens. On est constamment en train de surveiller les chiens pour s’améliorer sur l’alimentation et la récupération. Ce camion nous fait gagner du temps mais ça a un coût. C’est un travail de 7 jours sur 7, La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc c’est un peu nos seules vacances, je n’y vais pas pour boire l’apéro ahah. »

L’absence du public durant cette édition particulière a-t-elle changé quelque chose à votre course ?

« Le public et les départs sur La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc c’est le grand truc, ça te prend les tripes, c’est grisant. Mais cette année c’était spécial. C’est notre seule course de l’année, 12 mois de travail on avait peur que ça n’ait pas eu lieu. On s’est éclaté même sans le public et on a pu travailler sur les chiens aussi. J’ai des chiens assez peureux donc c’était plus facile pour les départs. Je me consacre uniquement à cette passion pendant 15 jours et je peux apprendre beaucoup en échangeant avec les autres mushers sur les parkings. Les vétérinaires sont aussi là par plaisir et par passion et on apprend encore plus sur nos chiens et la nourriture, les efforts, la récupération. Avec les départs loin des parkings j’ai pu mettre en place un travail que je n’avais jamais mis en place : prendre les 8 chiens en laisse, les amener puis attendre avec eux. Les chiens doivent être travaillés sans cesse, l’exercice n’est jamais acquis, ce n’est pas comme quand on nous apprend à faire du vélo et ça reste toute notre vie. Là en rentrant à la maison j’ai remis en place et j’ai pu presque les détacher directement alors que ce n’était pas possible avant. Le huis-clos a été génial pour le travail d’obéissance que j’ai fait avec mes chiens. »