Pas de mushing sans deux handleurs, c’est la règle en course, car gérer 8 à 12 chiens, seul, n’est ni réaliste ni autorisé.

Et trouver le ou les bons handleurs est donc tout aussi important pour un concurrent que de bien préparer ses chiens, car ils forment un trinôme qui souvent n’a pas besoin de beaucoup de mots pour se comprendre. Ainsi, le rookie Gael Brossette a fait appel à son fils et sa fille, et le leader de l’épreuve Hans Lindahl s’épaule sur sa fille. Mais le parfait exemple d’osmose à La Grande Odyssée VVF est sans doute le couple Combazard. Jocelyne, tout aussi passionnée que son mari de mushing, a renoncé à participer à nombre de courses pour assister Jean, actuel leader de la catégorie Nordic et qui court sa 17 è édition de cette course unique. Toujours le sourire et toujours de bons conseils, Jocelyne connait la meute sur le bout des doigts. Elle l’a élevée avec Jean, et ils se sont fait une règle depuis leur premier chien, il y a 30 ans, de ne courir qu’avec des chiens nés chez eux. Cette année, Camille une jeune cousine vétérinaire à Oloron-Sainte-Marie( Pyrénnée-Atlantique ) est venue assister ces experts des huskies de Sibérie. « La difficulté c’est de rentrer dans le rythme. Hier le temps de nourrir, masser, soigner tous les chiens on s’est couché à 1h30. Les journées sont encore plus chargées qu’au cabinet » lance en riant la jeune professionnelle qui « apprend plein de chose qu’on ne voit pas d’habitude, notamment pour les soins aux pattes ».

Pierre Chaplain a lui ,fait appel au réseau musheurs-handleurs. C’est sa première participation et il lui fallait constituer une équipe de choc. Il l’a trouvée avec Caroline et Adeline, deux jeunes femmes belges de Namur qui rêvaient d’assister un musher de la Grande Odyssée. « On s’est rencontré par une amie ostéo sur la Lekarod, ça a bien fonctionné. Elles sont hyperprofessionnelles, s’occupent des chiens dès 7 h, font les soins aux pattes, préparent les soupes, la réhydratation, les massages, la récupération, la sortie du soir avant la nuit. Tout est réglé » se réjouit le musher normand dont l’attelage n’avait pas encore vu la neige cette année avant de venir. « Mon objectif finir la course et Caroline et Adeline y seront pour quelque chose » conclut-il.

Philippe Desmurger fait appel à une masseuse professionnelle, Virginie Pé depuis plusieurs années pour ses huskies. « Avant, je massais les gens, et je me suis mise à masser les chevaux, les chiens et depuis je ne peux plus faire autre chose. C’est très enrichissant. J’ai une petite recette à moi, inspirée de la médecine chinoise, très complémentaire de l’ostéopathie » explique la jeune femme installée dans l’Anjou.

Franck Denaene, ancien musher au palmarès impressionnant puisqu’il est un des rares Français à avoir couru la Moskova, par des températures négatives terribles ( jusqu’à -45°) entre  Moscou et  Saint-Pétersbourg en 1996, s’est mis au service de Rodolphe Lardet. « Je n’ai plus de chien, alors je mets mon expérience au service de musher qui le souhaite » explique cet ancien pompier, désormais handleur et auteur. Il vient de publier « Sunka Mani, marche avec les chiens », chez Unayok éditions qui plonge le lecteur dans les grandes épopées de Jack London ou Nicolas Vanier….

Quant à Laura, elle est la plus jeune handleuse de l’évènement, car à 14 ans elle assiste son oncle Richard Perron engagé dans le trophée Ebra, aux côtés de son père. « Je découvre tout, le contact avec les chiens, leur régime, leur rythme, c’est une belle expérience et comme j’aime beaucoup les chiens c’est passionnant mais hier on s’en est occupé jusqu’à 23 h et ce matin dès 6h on été debout » raconte en souriant la jeune élève de 3è qui a bénéficié d’une dérogation en accord avec ses professeurs pour ses quelques jours d’absence en cours.

Au retour, elle pourra faire un bel exposé à ses camarades de classe sur son aventure au coeur d’une course internationale de chiens de traineau.